Coup de chapeau pour le dernier roman de Douglas Kennedy
Douglas Kennedy, le plus français des auteurs américains, est aujourd'hui traduit dans 21 langues mais reste quasiment inconnu aux Etats-Unis. Il n'en demeure pas moins l'un des auteurs les plus appréciés de sa génération, notamment en France où ses livres se vendent comme des petits pains.
La sortie de son dernier roman est toujours un événement très attendu en raison de son succès critique et public. Son dernier livre, Quitter le monde, n'échappe pas à la règle et réserve une nouvelle fois un très bon moment de lecture à ses nombreux et fervents admirateurs.
Qualifié comme l'un des meilleurs mais surtout comme l'un des plus sombres de tous ses livres, ce roman dresse le portrait de Jane Howard, une universitaire malmenée par la vie suite à de mauvais choix. Tout au long de ce roman fleuve de 500 pages, le lecteur suit avec beaucoup d'intérêt le parcours chaotique de cette femme, ses espoirs, ses amours, ses illusions perdues et surtout l'horrible tragédie à laquelle elle va être confrontée et qui va la mener sur des territoires inconnus, au sens propre comme au sens figuré.
A la fois roman psychologique et épopée, ce livre est une réussite en tout point de vue et prouve, une fois n'est pas coutume, l'immense talent d'un auteur passé maître dans l'art romanesque. A travers le destin de son héroïne, l'auteur en profite pour nous dresser un portrait sans concession de l'Amérique, de la médiocrité des milieux universitaires à l'univers impitoyable des traders sans oublier de mettre l'accent sur l'incompétence des autorités gouvernementales.
Bref, le lecteur n'a à aucun moment envie de quitter cette grande fresque américaine qui l'amène à s'interroger sur sa propre existence, le rôle du hasard et de l'incertitude sur un destin qu'il est parfois difficile voire impossible de contrôler.
J'avais été, comme un certain nombre de ses lecteurs, déçue par son roman précédent, La Femme du Vème, dont la fin surréaliste était,à mon goût,ratée. Ce dernier livre m'a définitivement réconciliée avec cet auteur populaire dont j'attends avec impatience la sortie du prochain roman.